Гуманитарные Ведомости Выпуск 1(13). 2015

Гуманитарные ведомости ТГПУ им. Л. Н. Толстого № 1 (13), март 2015 г. 8 D’abord le principe d’une certaine tension . Montaigne peut écrire d’un côté: «qui suit un autre il ne suit rien il ne trouve rien voire il ne cherche rien». Phrase qui au sortir de l’école est tout de même forte à entendre. Phrase qui plaide indirectement pour la liberté ou l’autonomie du sujet, au moins le souci de juger, aller par soi- même. Elle annonce bien sûr d’autres auteurs, elle construit une figure forte et indépendante de l’individu. Mais de l’autre côté lorsqu’on lit Montaigne on voit qu’il ne cesse de faire des emprunts et de penser avec d’autres; non seulement la tradition romaine et grecque, mais aussi ses contemporains, leurs images les plus communes, les vies et arguments ordinaires de ceux avec qui il vit, enfin ce que les voyageurs lui rapportent des nouvelles terres. D’un côté donc l’affirmation de l’indépendance, et même de la figure d’un individu souverain, et cela contre l’expérience de tout guide et contre toute forme de dogmatisme; de l’autre le respect et l’amour même autant des œuvres que de toute vie commune. Au fond je crois cette tension très actuelle (les débats entre modernisme et post modernisme se posent ainsi). D’autres aspects de cette œuvre m’ont arrêté: la question des relations , Montaigne dit «notre commerce avec». Commerce avec les livres, aves les amis dans la conversation, avec les femmes. Ce sont là selon lui les trois commerces principaux, ie ceux grâce auxquels le bien vivre est en jeu. La notion de commerce a toutefois une plus grande extension, et on peut avoir commerce avec les animaux, avec la maladie et la douleur, avec la superstition et l’intolérance, avec les princes ou les autorités. Comment, dans tous ces cas, se comporter? Nous avons rapport à ces réalités. Quelles sont elles et comment faisons nous avec elles? Comment être avec cela? Comment cela nous atteint, nous transforme et nous forme? Quelles expériences faisons nous de ces réalités? Ces questions me semblent pouvoir dessiner la thématique générale d’une éthique des relations . Certes, je me suis intéressé ensuite à d’autres auteurs, Platon, Nietzsche et Alain, Valéry, Rawls auxquels j’ai consacré des livres ou des articles encore, mais je crois que Montaigne a une place à part. 2-2 Un autre aspect de mon travail concerne les problèmes et questions liées à l’éducation et la formation . Ici il me faut dire deux mots de ma position institutionnelle. J’enseigne en effet la philosophie de l’éducation dans un département de Sc de l’Eduction , non dans un département de philosophie. Je l’ai aussi longtemps enseigné dans un établissement de formation des professeurs (établissement pédagogique). Or de fait, dans les sc de l’ed, comme dans les établissements de formation des professionnels, la part accordée aux œuvres anciennes, philosophiques ou littéraires, est très faible. Ce qui domine plutôt c’est un souci de positivité : aller aux pratiques, les analyser, les comprendre; aller aux publics et comprendre leur différence et leurs difficultés propres; aller aux disciplines particulières, et voir dans chaque cas comment se fait la transmission; aller voir les formations d’adultes, mesurer les acquis de l’expérience, comprendre comment il est possible d’évoluer; étudier enfin

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